PNS, l’autre «drôle» d’entreprise cotée sur le Marché Libre

Le non-marchand en Bourse !

Actif dans le créneau des soins de santé à domicile, le fondateur de PNS compte sur le Marché Libre pour muer son cabinet infirmier en un ersatz de Croix Jaune & Blanche ou d’ASD. A ceci près que l’esprit de lucre n’est pas la dernière des priorités…

Au plus on se perd dans les méandres de Ghlin, au moins on s’imagine qu’on arrive au siège d’une entreprise cotée en Bourse dont la capitalisation boursière tourne aujourd’hui aux alentours de 4,2 millions d’euros. Et pourtant… Une fois sur place, au bord de l’eau, une villa flambante neuve, au design moderne, servant à la fois d’habitation à Nicola D’Aniello, le patron-fondateur de PNS, et de siège social et d’exploitation de l’affaire. Dans son living, qui fait aussi office de lieu de réception, le dynamique infirmier mué aujourd’hui en habile homme d’affaires est on ne peut plus confiant sur le devenir de son entreprise aujourd’hui cotée en Bourse.

La piqûre des frais

Mis en contact avec Bernard Ruzziconi par l’intermédiaire d’un ami commun, Nicola D’Aniello n’a pas tardé à se laisser convaincre de trouver des capitaux via le Marché Libre. Dans le cas d’espèce, il s’agissait de 507.500 euros dont il a toutefois fallu défalquer 180.000 euros, soit 35 % des sommes récoltées, pour couvrir les honoraires et frais de Small Caps Finance, la société de Ruzziconi. Un pourcentage qui ne choque pas Nicola D’Aniello : «Il s’agit avant tout de frais fixes», précise-t-il.

Cela étant, des capitaux complémentaires étaient nécessaires pour financer la croissance : «Développer une patientèle est particulièrement gourmand en trésorerie, assure Nicola D’Aniello. Engager un infirmier, en soi, c’est déjà cher. Comptez qu’il lui faut aussi un véhicule – avec tout ce que cela représente (taxe de mise en circulation, assurance, carburants…) – et du matériel. De l’autre côté, les recettes tardent à rentrer. D’abord parce que nous pratiquons le tiers-payant et que, de fait, les mutuelles mettent jusqu’à trois mois pour nous payer. Bref, la soudure n’est pas chose aisée à réaliser. Elle l’est d’autant moins que la croissance de nos activités est exponentielle.»

Un bon placement ?

Les titres PNS ont fait l’objet d’un placement quasi immédiat (la société a été introduite en Bourse le 10 août 2006). Derrière ce succès ? La confiance accordée par les détenteurs de capitaux à cette PME active dans un secteur d’avenir, où les recettes sont garanties par… la sécurité sociale. Cotée aujourd’hui aux alentours de 7 euros, contre 4,06 euros lors de l’introduction, PNS a permis à ses actionnaires de se partager les 20 % d’actions nouvelles. Ils n’ont dès lors pas de quoi se plaindre. Et pour les fondateurs, soit Nicola D’Aniello pour l’essentiel, c’est carrément Byzance à comparer aux quelque 62.000 euros investis à l’origine.

Reste que le réveil pourrait être douloureux si d’aventure les menaces décrites dans le prospectus d’émission – et sur lesquels peu se sont attardés – venaient à se réaliser… à commencer par le risque fiscal en raison de la hauteur du loyer et des charges payées par PNS à la société immobilière de Nicola D’Aniello…

J.-M. D.

Tendances – 29-03-2007